Tout musulman pieux doit prendre le prophète (saws) comme modèle que cela soit dans sa vie privée ou sociale. Il est dit dans le Coran : « Vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle à suivre, pour quiconque espère en Allah et au jour dernier et invoque Allah fréquemment. » (33/21) Il a incarné toutes les qualités et les vertus d’un homme de bien. Ses attitudes et comportements relèvent du Adab ou code de politesse et de bienséance. Ces conduites vont former le Bel Agir du prophète (saws) considéré comme le Beau modèle.
Le prophète (saws) était un homme de qualité ! Il répondait au salut et à l’invitation, prenait soin de ses voisins. Il souriait, dit-on, toujours en parlant. Il recevait généreusement son hôte, il donnait sans compter, il visitait les malades même les plus éloignés dans Médine, il acceptait l’excuse de celui qui en présentait sans discuter. « Il ne tournait jamais le dos à son interlocuteur. Et quand quelqu’un le saluait (par la main), il n’était jamais le premier à enlever sa main..Quand on le côtoie on ne peut jamais se séparer de lui, tellement on l’aime.» Rapporté par l’Imam Ahmad selon Abu Ad-dardâ, rapporté aussi par Al-hindî dans Kanzu Al-a‘mâl : (1/1840)
La tradition islamique rapporte des milliers d’actes, de paroles et d’anecdotes qui racontent son comportement avec sa famille et son entourage : il était toujours dans l’écoute, vigilant, il faisait une nette différence entre la parole divine qui lui était révélée et ses implications et ses comportements d’humain.
Les musulmans font bien la différence dans ce modèle entre le prophète inspiré par Allah et l’homme. Plusieurs fois des sahaba-compagnons n’étaient pas d’accord avec lui et le lui faisaient savoir. Après les avoir entendu, s’il avait fait une erreur, il le reconnaissait et se corrigeait.
Ali, cousin du prophète qui se convertit à l’islam à l’âge de 9 ans et qui grandit dans la maison du prophète raconte : « le prophète était toujours d’humeur gaie, il était bienveillant et avait un intérieur limpide. Affable et courtois, il ne se montrait jamais rude envers quelqu’un. Il gardait ordinairement le silence au lieu de répondre brutalement ou d’accéder à une demande inacceptable. Ceux qui connaissaient ses habitudes, comprenaient ce que son silence veut dire. Il n’aimait faire de la peine à personne, il était plein de gentillesse et de compassion. D’une générosité extrême, aimant la vérité et la bonté. C’était un plaisir d’être en sa compagnie »
Quant à Hind, le fils que Khadija avait eu d’un mariage précédent avec Abou Hala, il rapporte que : « Mouhammad avait bon cœur, il était doux et d’humeur égale. Il n’aimait offenser personne. Il se montrait toujours reconnaissant pour la moindre faveur. Il acceptait de bonne grâce toute nourriture qu’on plaçait devant lui. Il ne se montrait pas furieux pour toute offense à sa personne ni ne songeait à se venger ou à trahir… »
Dieu l’avait doté d’un tempérament bienveillant et d’une grande gentillesse. Sa douceur était proverbiale, jamais un mot au-dessus de l’autre : pas de cris ni d’emportement ! Dieu dit à son propos dans le Coran : « C’est par un effet de la grâce de Dieu (miséricorde) que tu te montras doux à leur égard. Si tu étais un rustre au cœur dur, ils se seraient dispersés loin de toi. Pardonne-leur donc, prie pour leur absolution et consulte-les dans toute décision. » (sourate 3/verset 159)
Le prophète de l’islam a bien dit qu’il n’était pas venu apporter une nouvelle religion mais qu’il était venu : « pour parfaire les caractères et les ennoblir. [14]» Anoblir veut dire rendre noble, la noblesse en islam n’est pas une aristocratie de sang, de robe ou d’épée ! N’importe quel-le croyant-e a la possibilité de s’anoblir par la beauté de son caractère et la bonté de ses actes. La noblesse islamique est celle du cœur et des actes. Ce qui donne une idée de l’importance du savoir être et du savoir vivre. Ils sont essentiels et confèrent la noblesse pour les musulmans dignes de ce nom.
Dieu dit dans le Coran: « C’est Lui qui a envoyé au peuple d’illettrés un messager issu d’eux-mêmes qui leur récite Ses révélations, les purifie de leurs péchés et leur enseigne l’Écriture et la Sagesse alors qu’auparavant, ils étaient dans un égarement évident. » (62/2)
Pour remplir cet objectif divin, le prophète Mouhammed (saws) a eu pour mission d’enseigner les modalités du perfectionnement du caractère. Ses comportements sont à connaître, comprendre et à imiter autant que faire se peut.
Un des hadiths rapporte que le Prophète dit : « Rien ne pèsera plus lourd sur la balance, au Jour du Jugement, que le bon caractère. Dieu déteste l’inconsidération et la bassesse. »[15]
Avoir un bon caractère requiert de faire des efforts pour s’améliorer et Dieu dit : « Quant à ceux qui font des efforts dans Notre voie, Nous les guiderons certainement sur Nos sentiers. » (29/69) Celui qui a bon caractère est guidé par Dieu. An-Nawwas ibn Saman interrogea le Prophète sur la vertu. Ce dernier répondit: «La vertu consiste à manifester un bon caractère.»
Et aussi: « Les croyants qui ont la foi la plus parfaite sont ceux qui ont le meilleur caractère; et les meilleurs d’entre ceux-là sont ceux qui sont les meilleurs envers les femmes.»[16]. Il a également dit: «Ceux qui me seront les plus chers et les plus proches de moi, au Jour du Jugement, seront ceux qui auront le meilleur caractère. Les plus détestables et les plus éloignés de moi, au Jour du Jugement, seront les bavards, ceux qui aiment rabaisser les gens et qui sont vaniteux.»
Le prophète Mohammed (saws) dit un jour à Ashajj Abd al-Qays : « Tu possèdes deux qualités que Dieu aime : la douceur et la patience. »
Dans une autre narration, le Prophète poursuit en disant à Ashajj que Dieu a fait en sorte que ces traits fassent partie de sa disposition naturelle, ce à quoi Ashajj répond : « Gloire à Dieu, qui a mis en moi deux qualités que Dieu et Son messager aiment. »
Malgré ses responsabilités nombreuses, il donnait du temps et beaucoup d’importance à la vie de famille. Le prophète Mouhammad (saws) qui pour toute fortune ne possédait que quelques vêtements, habitait dans une maison en terre attenante à la mosquée qu’il avait construit de ses mains avec ses compagnons. Il aimait passer du temps avec ses deux petits enfants Hassan et Husayn. Il les embrassait avec tendresse et jouait avec eux et leur petit chien qui courait entre les deux maisons, la sienne et celle des enfants et de sa fille Fatima.
Ali a dit : « Quand le prophète se trouvait chez lui, il répartissait son temps en trois parties : une part pour son Seigneur, une part pour sa famille et une part pour lui-même. Ensuite, il divisait sa propre part, entre lui-même et ses rapports avec les gens…»
Une fois, il avait même fait avec son épouse Aïsha une course à pied qu’elle avait gagné. Plus tard, ayant pris du poids, elle perdit, ce qui fit dire au Prophète (saws) : « Nous sommes à égalité à présent ».[17]
Il disait : « le meilleur de ma communauté est celui qui est bon (prend le grand soin) avec sa famille et qui a le meilleur comportement envers sa famille ». Aïsha, Al-Hasan et Abû Sa‘îd[18] rapportent, avec quelques variantes dans leur description, que dans sa maison, il était au service des siens.
Le prophète triait et raccommodait ses vêtements, trayait la chèvre, raccommodait ses chaussures, se chargeait de ses affaires personnelles, aidait à nettoyer la maison, attachait le chameau et lui donnait du fourrage. Le prophète mangeait avec les serviteurs, préparait la pâte avec eux et faisait les courses. Il redistribuait les richesses perçus en tant que chef des musulmans aux pauvres. Il est mort sans laisser ni argent ou or ni le moindre animal domestique à sa famille !
Anas, le serviteur du Prophète, rapporte : « Le Messager de Dieu avait le meilleur caractère d’entre nous tous. »[19].
Il a dit également : « J’ai été au service du Prophète durant plus de dix ans et jamais il ne m’a fait un reproche. Il ne m’a jamais dit, au sujet d’une chose que j’avais faite. Pourquoi as-tu fait cela? Et il ne m’a jamais dit, au sujet d’une chose que je n’avais pas faite: ‘Pourquoi n’as-tu pas fait cela?’» .
Dans ses enseignements, il a prohibé l’usage de la violence contre toute créature. Aucune violence physique ou verbale ne lui a jamais été attribuée par la tradition. Muslim rapporte dans son recueil authentique que Aïsha (que Dieu l’agrée) raconte : « Jamais il n’élevait la voix pour se défendre, ni contre son serviteur, ni vis-à-vis de ses femmes, ni vis-à-vis d’aucune personne. Aïcha rajoute que: le messager de dieu n’a jamais rien frappé de sa main, ni une femme ni un serviteur…Jamais il ne s’est vengé d’un tort qu’on lui avait fait … »
Elle dit encore, dans les recueils de Hadîths [20]: «Le Prophète (saws) ne répondait pas au mal par le mal, mais il pardonnait et ne tenait pas rigueur » c’est-à-dire qu’il n’était pas rancunier.
On est loin avec ce portrait du prophète, actif aussi bien dans le ménage que dans la gestion politique de la cité du comportement de beaucoup de musulmans contemporains qui agissent comme des brutes. Machistes invétérés, ils se font servir par leurs femmes, leur sœur ou mère sans toucher aux tâches ménagères considérées indignes de leur virilité.
Pourtant, parmi eux beaucoup ne ratent pas une prière du vendredi, à croire que leur çallate-prière sur le prophète reste lettre morte et n’arrive pas à attendrir leur cœur !
D’ailleurs, répéter ad nauséam des litanies d’invocations et prier encore plus que ce qui est ordonné ne signifie en rien que ces prières et invocations seront agrées par Allah !
Lui seul est juge de ce qui est dit du bout des lèvres, ou avec un esprit mercantile qui compte ses bonnes actions en vue des bénédictions à obtenir comme si Allah dans son immense grandeur était un vulgaire épicier ou apothicaire ! Cette vision anthropomorphique de Dieu en encore trop répandu, et elle ne fait que refléter l’état de décadence et de dégénérescence des musulmans.
Le Prophète était un exemple vivant de la paix et de la non-violence. « C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Mohammed) as été si doux envers eux! Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne- leur donc, et implore pour eux le pardon d’Allah… » (3/159) « Et nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers » (21/107)
Le prophète (saws) voulait tenir compte des besoins des gens qui étaient loin de lui et ne pouvaient le rejoindre : « transmettez-moi les besoins de celui qui ne peut pas les transmettre. Car celui qui transmet aux dépositaires du pouvoir les besoins de celui qui ne peut pas les transmettre, Dieu le soutiendra au jour de la Résurrection » » Rapporté par At-tirmithî dans « Ash-shamâil » (176), et Ibn ‘asâkir (1/331). « Et tu es certes d’une moralité éminente. »(68/4) Bien qu’il se soit défendu quand lui et ses fidèles étaient attaqués, il faisait régner la paix dès que cela était possible, même au risque de sa propre vie.
Pendant des années à la Mecque, il fut l’exemple parfait de la non-violence. Pourtant il a connut pendant plus de dix ans, l’exclusion et la violence. Ses compagnons de la première heure furent arrêtés, torturés, assassinés pour leur faire abjurer leur foi en Allah. D’aucuns vont fuir vers des cieux plus tolérants, comme l’Abyssinie.
Il a été rejeté, calomnié, injurié, lui et le message qu’il apportait. Il continua inlassable à répéter fermement, doucement la parole de Dieu sans jamais se mettre au même niveau d’agressivité ni de violence de ses détracteurs, ses cousins quoreichites. On raconte de très nombreuses histoires ou il préféra se taire, baisser la tête pour ne pas répondre à une provocation ou à une agression. A Médine, des bédouins venaient l’apostropher, l’invectiver, revendiquer, parfois l’insulter. Cela est rapporté unanimement chez les historiens de la biographie du Prophète. Jamais il ne s’est défendu contre une attaque personnelle. La patience du prophète est légendaire et doit inspirer tous les amoureux de la nonviolence. Son action contre les riches marchands de la Mecque, durant les premières années de sa conversion à l’Islam, fut un bel exemple de résistance nonviolente. La tradition islamique rapporte que le prophète a supporté durant ces années des quolibets, des insultes et des attaques de toutes sortes sans jamais répondre par la violence.
Durant les treize années mecquoises, le prophète était pour ainsi dire agressé quasi tous les jours: on lui a craché dessus, on lui a jeté des cailloux, on a déversé sur son dos et sa tête des entrailles d’animaux quand il se prosternait durant la prière. On a mis des chardons et des épines sur son chemin, on a jeté des ordures devant sa porte, on l’a raillé, stipendié, maltraité…Il déplaçait les ordures en silence et en toute humilité. Les crachats étaient essuyés, les épines, les cailloux étaient ramassés. Il essuyait les saletés, Fatima lui lavait la tête en pleurant.
La seule chose qu’ils n’ont pas réussi à faire tant que son oncle Abou Taleb était vivant, était d’attenter à sa vie ! En tant que notable de la Mecque, son oncle était son protecteur selon le code d’honneur clanique.
La loi tribale stipule qu’il leur était interdit de le tuer. Mais dés la mort de Abou Taleb, il devra fuir, quitter la Mecque et trouver refuge ailleurs car sa mort était programmée ; il y avait déjà échappé une fois, ou Ali avait pris sa place dans son lit.
Le prophète (saws) dans sa quête d’un lieu de refuge pour les musulmans, alla à Taïf vers 619/620 pour tenter d’y négocier, il y sera vilipendé, humilié et expulsé. Les notables de la localité l’ont rejeté avec mépris «Va t-en! Sors de notre pays!» lui dirent-ils. Ils chargèrent leurs esclaves de le battre. Ils le poursuivirent jusqu’à la sortie de la ville, lui criant dessus en ameutant d’autres personnes autour de lui. Organisés en deux rangs, ils lui jetèrent des pierres en le couvrant d’insanités. On le frappa avec des mâchoires d’ânes.
Il fut blessé et eut les tendons déchirés par les pierres acérées. Il s’enfuit de la ville et s’arrêta plus loin à l’abri, les pieds en sang, il pria pour prier invoquer Dieu …Allah lui envoya l’Ange Gabriel avec l’Ange des montagnes.
Ce dernier lui dit : « ô Mohammad ! Je ferai ce que tu désires. Si tu veux, je peux replier sur eux les «Al-Akhchabayn[21]»
Le Prophète (saws) répondit : « je n’ai pas été envoyé comme malédiction (injure) (la’’ân) mais comme miséricorde (pour les univers). Je souhaite plutôt que Dieu fasse sortir de leurs reins une progéniture qui adorera Dieu, l’Unique, sans rien Lui associer. O mon Dieu ! Guide ma tribu (mon peuple) car ils ne savent pas.» Gabriel (paix sur lui) dit alors suite à cela : « Dieu a raison de t’appeler le miséricordieux, plein de compassion.»
Aïda Abida
[14] Mousnad Ahmad
[15] Sounan al-Trimidhī, Sounan Abou Daoud
[16] Sounan at-Tirmidhī, Sounan Abou Daoud
[17] D’après Al Boukhari
[18] Ash-shifâ chapitre II
[19] Sahih al-Boukhari, Sahih Mouslim
[20] Kitâb Badaa Al-khalq” Hadîth 1365 : dans Le sommaire du Sahîh al-Bukhârî de l’imam Zayn ad-Dîn Ahmad Ibn ‘Abd al-Latîf az-Zubaydî, tome II; page 558.
[21] Les deux montagnes situées prés de la ville
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