• Nos buttes en milieu humide

    Sur un terrain marécageux défriché à l’été et l’automne 2019 nous avons conçu quelques buttes, en plein champ et sous serre, pour éviter que les racines des plantes soient immergées. 

    Pendant l’été sec de 2020, les buttes de la serre ont permis de cultiver des tomates et autres légumes sans arrosage car une couche d’argile à 80 cm retient l’eau sur cette parcelle ! L’eau monte par capillarité dans la butte et le système racinaire des plantes puise plus bas, sous la butte en cas de nécessité.

    L’été 2021 a été tellement pluvieux qu’en dehors des buttes le terrain est resté gorgé d’eau et n’a pas pu être travaillé.

    En amont du terrain « la pêcherie » : nom local donné au petit étang situé au dessus du terrain cultivé.

    Pourquoi des buttes ?

    De plus en plus de jardiniers se mettent à cette pratique, malgré l’importance du travail demandé car on évolue là dans un milieu vivant où matières organiques (humus), activités microbiennes, carbone (feuilles sèches, paille), azote (déchets verts) se mêlent et s’associent pour un explosion de fertilité. Nos plantes s’épanouissent d’une manière spectaculaire. Il s’agit en fait de créer sur un sol ingrat un deuxième sol de terre arable. Toues ces matières se compostent pour donner un substrat riche et équilibré dont se nourrit la plante.

    Rappelons en rapidement les principes :

    – Nous commençons par sous-soler notre planche de culture pour lui donner une perméabilité qui permettra un bon drainage. L’eau, l’oxygène doivent circuler.

    – Une couche de carton sans adhésif stoppera l’envahissement des adventices et donnera une nourriture idéale à nos amis les vers de terre.

    – Là-dessus, une couche de petites branches entrelacées, toujours pour cette aération nécessaire à la dégradation des matériaux. Ne pouvant retourner le compost, l’air doit circuler.

    – Ensuite, pour la cellulose déjà apporté par les cartons, de la paille, du BRF, tontes de gazon : il s’agit d’alterner des couches apportant carbone et azote.

    – Les bois pourris récupérés en forêt sont les bienvenus pour leurs mycorhizes. La plupart des plantes ont besoin de cette symbiose entre champignons et leurs racines.

    – La sciure de bois non traitée est aussi bénéfique.

    – On répand un peu de cendre pour l’apport en calcaire, phosphore et potassium.

    –  Recouvrant le tout, une couche de terre avec compost, fumier dégradé.

    – Enfin, une bonne couche de mulch (paille ou foin) pour garder l’humidité, car il est important de bien arroser tout ça, à chaque couche.

    – Quand vous recevez des enfants, n’hésitez pas à les faire uriner dessus et à arroser avec purin d’ortie ou/et de consoude.

    Idéalement mis en œuvre en Automne, cela peut aussi se faire au printemps.

    Seulement voilà : nous avons une bonne partie de notre terrain qui ressemble à un marécage car à 80cm dans le sol se trouve une couche d’agile qui retient toute l’eau des pluies et nos pauvres plantes voient leurs racines pourrir. Impossible de repiquer quoique ce soit dans ce marais : peut-être du riz mais son cycle biologique sera arrêté par l’hiver sous nos latitudes !

    L’idée nous est venue d’isoler ces racines de cette eau stagnante. Il s’agissait donc tout simplement de surélever les buttes. Au sol, au lieu de petits branchages, une couche de bois vert de bonne section pour gagner en hauteur. Puis, les couches normales de la butte. Cela nous fait un bon 50 cm de hauteur. Et bien sûr, aucun arrosage car nos racines intelligentes plongent et vont chercher pas loin l’eau nécessaire à leur santé. L’année dernière, j’ai eu de magnifiques tomates (mon record : une tomate cœur de bœuf de 1,160 kg !), poivrons, piment, persil, etc sans aucun apport d’eau. Pas de mildiou par une aspersion de bicarbonate de soude (une grosse cuillère à soupe pour 1 litre d’eau) surtout sous les feuilles.

    Par contre, cette fertilité s’use vite : après une saison, il est nécessaire de retravailler la butte sur 15cm par un apport de fumier composté ou autre. Mais le travail est bien moindre qu’à la construction de la butte. On devrait en avoir pour 4 à 5 ans avant de reconstituer les couches en profondeur. Mais le résultat est là : De beaux légumes et aromatiques à faire plaisir le jardinier. Y a plus qu’à !

     

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