• Yakisugi, où le bois dure

    Nous avons testé le Shou-sugi-ban ou Yakisugi pour le chantier participatif de février. Avant de l’utiliser pour la construction, notre première expérience de ce « bois brûlé » sera pour retenir les bords de l’une de nos buttes en milieu humide.

     

    Le premier souci des bâtisseurs a été de tous temps de dompter le coté périssable des matériaux utilisés traditionnellement : bois, pierre et terre. La pierre est elle même pérenne. La terre peut servir de liant et est à ce titre le centre même de toute la construction : la mère a procréé et demeure liée à son enfant pour des siècles. Elle est aussi utilisée de plus en plus pour les enduits des murs – intérieurs – principalement.

    Et le bois ? 

    Reste le bois. Matériau le plus accessible et par là même le plus utilisé dans l’habitat traditionnel.

    Habitat, chauffage, outils, armes, charbon sans le bois la métallurgie serait restée inconnue, navires, sans oublier la verrerie avec ses vitraux donnant une émotion proprement céleste. Jusqu’aux matériaux modernes apparus depuis à peine 2 siècles, de tout le temps que l’homme a vécu sur terre, c’est à dire depuis la découverte du feu il y a plusieurs centaines de milliers d’années, sa survie a été sa civilisation du bois.  Mais, mis à part quelques essences rares imputrescibles, le bois commun et très largement majoritaire se détériore vite sous l’action du  climat, des insectes, des UV et autres champignons. Ce bois brûlé protège même des incendies : il se consume bien moins vite que le bois normal ! Toutes les civilisations ont eu leurs techniques pour rendre le bois impérissable, mais toutes ont eu en commun l’élément de base obligatoire : le feu. Nous connaissons tous le pouvoir du feu à durcir le bois. Il ne s’agit pas de cela ici. Certains se rappellent encore les anciens qui brûlaient les piquets avant de les mettre en terre. Le but est qu’ils ne pourrissent pas.  Son principe est simple : calciner suffisamment la surface du bois pour créer une couche de carbone protectrice : là, plus de nourriture pour personne ! En final, protéger cette couche avec de la résine ou de l’huile (Tung, lin ,…). 

    Le Yakisugi, trouver la beauté dans l’imperfection , l’impermanence…

    Si cette technique a toujours été connue de toutes les civilisations, elle prend une dimension particulière au Japon. De tous temps, la nature du japonais l’a toujours amené à une recherche qui dépasse la simple fonction pratique : tout devient art chez ce peuple. Ainsi, comme pour l’Ikebana, le Katana, l’art du thé, etc, cette nécessité pragmatique prend une dimension que l’art japonais a appelé le wabi-sabi. On retrouve ce concept philosophique, spirituel, esthétique partout dans leur art. Brièvement, il s’agit de trouver la beauté dans l’imperfection , l’impermanence, le non fini. Honorer le modeste et le humble.  Tout cela à l’extérieur de soi mais aussi en soi, s’accepter et s’aimer en tant que produit non fini, bancal.  Le bois ainsi brûlé est craquelé, perd sa géométrie, son aspect régulier. Il va changer d’aspect au cours du temps et cela est imprévisible. Pour autant, cette imperfection recherchée allonge sa durée de vie. Il existe toujours au Japon des maisons en sapin vieilles de 3 siècles dont l’aspect, les couleurs, la patine changent au fil du temps.  La mise en œuvre est simple : 3 planches de 3 mètres liées en triangle et mis debout sur un foyer. Il ne faut pas de déperdition de flamme à la base. Ainsi se crée une cheminée et rapidement un fort bruit de tirage se fait entendre. La petite flamme du foyer devient en quelques minutes une flamme de 2 mètres de haut à l’intérieur du triangle et qui brûle la surface des planches. On retourne l’ensemble pour équilibrer la combustion. Désassemblé, il faudra éteindre le feu avec de l’eau. Avec un vernis naturel protégeant la fragilité de la croûte brûlée, le bois devient aussi pérenne que la pierre. 

    Retrouver ces techniques ancestrales,

    C’est un cheminement dans une prise de conscience de la pollution et auto-destruction amorcées voici 2 siècles, par ces tenants de la cupidité à tout prix, fût-ce au détriment de leurs propres enfants. Avec ces techniques, plus de produits chimiques qui salissent notre terre nourricière, produits que nous retrouvons en nous et qui nous détruisent. Ainsi se met en place une ouverture nouvelle de conscience qui montre que l’on peut vivre autrement que ce que nous propose cette société planétaire dirigée par une infime minorité d’assassins de leur propre vie, ces oligarques cupides menant le monde à sa destruction.  

    Que ce Wabi-sabi sauve l’humain de sa propre stupidité !

     

    Pour aller plus loin :

    https://sol-eco-huile.fr/shou-sugi-ban-bois-brule-japonais/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Yakisugi

     

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