• Paillassons : le retour !

    Tout jardinier connaît les soins particuliers et constants nécessaires à la vie des plantes au long de leur cycle de vie. Depuis le semis jusqu’à la récolte, que d’attentions obligatoires !

    Nous nous appliquons à protéger nos plantes si fragiles que les siècles de recherche et de croisements naturels ont créés. Car les légumes, fruits, céréales que nous mangeons aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir avec leur variété d’origine existant dans la nature. Les jardiniers les ont croisés depuis fort longtemps pour améliorer les goûts, aspects, couleurs, rendements, etc. Bien entendu, il s’agit sélections car l’on sait que plusieurs courgettes et courges cultivées ensemble s’hybrident naturellement : le vent et les abeilles ne trient pas le pollen.

    Les plantules de légumes, fleurs, aromatiques n’ont rien à voir avec la végétation spontanée parfaitement adaptée à toutes les conditions d’un endroit donné. Entre une ortie, rumex ou pissenlit et nos semis de carottes, betteraves et autres courges, la compétition est gagnée d’avance, car cette végétation spontanée est parfaitement adaptée aux conditions sauvages et naturelles des leur environnement, et elles ont leur place dans le cycle de la vie.

    Les jardiniers de toutes époques ont inventé des ustensiles et techniques particuliers : paillis de seigle en pyramide, tuiles en terre cuite, cloches en verre, et paillassons, utilisés depuis de nombreux siècles.

    Cette protection nécessaire des plantules est lié le plus souvent au climat : pluies diluviennes, chaleur intense, froid des nuits automnales et hivernales.

    Utilisation sur serre par grandes chaleurs

    Depuis l’invention des matières synthétiques, nous disposons d’un panel de tissus, de plastiques spéciaux : voile d’hivernage, de forçage, bâches de serre. Nous ne pouvons nier le confort d’utilisation apporté par ces matériaux modernes.

    Par contre, depuis tout ce temps depuis le néolithique et la découverte de la fécondation et donc de la maîtrise de la multiplication du vivant, nos anciens protégeaient leurs plantations avec des paillassons qu’ils confectionnaient eux-mêmes, le plus souvent en paille de seigle car la plus haute en taille et la plus résistante aux intempéries. En ces époques pas si reculées que cela, tout paysan et sa famille étaient vanniers et fabriquaient leurs ustensiles nécessaires à la vie quotidienne : paniers de toutes sortes, murs intérieurs de maison, nattes, couffins pour les bébés, pirogues dans certains peuples, chaussures, etc.

    Les paillassons servent donc à la protection des plantules contre le soleil, le froid, la grêle, les pluies diluviennes et sont donc utiles en toutes saisons.

    Notre association propose des ateliers de tissage,

    En construisant un métier aux dimensions souhaitées, cela peut aller du simple tapis de sol jusqu’à une longueur de 3m. Lors de ce tissage et en fonction de l’épaisseur que l’on est libre de lui donner, ce paillasson peut devenir un futon que l’on peut par la suite recouvrir de tissus pour en faire un bon matelas. En effet, pour l’usage au jardin, on privilégiera un faible épaisseur de 3cm pour laisser passer l’eau et la lumière. Un retour d’expérience montre que c’est aussi une protection idéale pour une serre qui a tendance à surchauffer en été. Placé au dessus ou au dessous de la bâche de toit, la vapeur qui monte est rapidement éliminée pour ne plus revenir. Je les utilise depuis 4 ans et je vous assure que c’est spectaculaire au bénéfice de nos chères plantules.

    Comme précisé plus haut, les matériaux modernes possèdent leurs qualités, mais cela continue à nous maintenir en dépendance du pétrole and co. et de leurs traitements et usines loin dans l’espace.

    Il faut continuer chacun à son petit niveau local à œuvrer pour cet empreinte carbone source de beaucoup de maux. D’autre part, le jardinier est un proche de la nature dans laquelle il vit et où il travaille, observe, apprend, et dont il contemple à chaque instant la beauté et la parfaite harmonie et agencement du vivant.

     

     

    Dans ce retour à la proximité de nos origines – car nous ne sommes qu’un élément de cette biosphère dont tous les autres composants nous sont nécessaires à notre survie – il se produit aussi un réveil de notre mémoire atavique où tout ce qui a été mis en latence par la modernité réapparaît comme autant de retrouvailles familières. Ces gestes ancestraux, pratique des anciens des anciens nous reviennent comme une thérapeutique douce et sereine à nos stress tant cumulés que certains en deviennent inconscients. Les mouvements des mains, leur habileté, le pouvoir de création avec l’aide d’outils simplissimes initient à un art qui devient méditatif à force de méticulosité dans la répétition des procédés.

    À terme, le chercheur de cette authenticité arrive à un vécu contemplatif dans la magie alchimique d’une poésie de la matière. La dimension divine est là, dans cette simplicité retrouvée, ce contact et dialogue avec un apparent inanimé que l’on comprend et éveille dans les formes et les mouvements.

    Et l’on retourne à l’origine, ré-habite notre milieu de naissance : la Nature mère, amie, compagne de tous nos instants et vivificatrice de nos souffles. Et l’homme devient enfin Homme, amoureux de cette Beauté qui ne peut être humaine.

    La paille de seigle peut ainsi mener très loin ! A nos métiers donc.

    Pour produire nous-même ce seigle dont la paille doit rester intacte et haute après la récolte et non broyée par les machines, et aussi pour faire notre propre pain, nous recherchons des parcelles de terrains de 30 ares ou plus, situées aux environs d’Aubusson et Bellegarde en Marche.

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