• Histoire du roi devenu amoureux 2e partie

    Suppliant le Seigneur, qui est notre Aide, de nous aider à garder le contrôle de nous-mêmes en toutes circonstances, et expliquant les conséquences nuisibles et néfastes de l’indiscipline.
    Implore Dieu de nous aider à garder le contrôle de nous- mêmes : celui qui est dénué du contrôle de soi est privé de la grâce
    du Seigneur.

    L’homme indiscipliné ne se maltraite pas seulement lui-même, mais il met le feu dans le monde.
    Une table couverte de nourriture descendait du ciel sans effort, sans vente et sans achat,
    Lorsque certains du peuple de Moïse s’écrièrent de manière irrespectueuse: « Où sont l’ail et les lentilles ? »
    Aussitôt le pain céleste et les aliments disparurent: il ne leur resta que la tâche de semer et de travailler avec la pioche et la faux.
    A nouveau, lorsque Jésus intercéda, Dieu envoya du ciel nourriture et libéralités,
    Mais une fois encore les hommes insolents ne témoignèrent point de respect et comme des mendiants s’emparèrent des aliments,
    Bien que Jésus les adjurât, disant : « Ceci est durable, et ne disparaîtra pas de la terre. »

    Montrer des doutes et de la cupidité à la table de la Majesté, c’est de l’ingratitude.

    « A cause de ces misérables impudents, aveuglés par l’avidité, la porte de la miséricorde se ferma devant eux.
    Si l’on ne paie pas l’impôt des pauvres (zakat), les nuages ne déversent pas de pluie; en raison de la fornication, la peste se répand dans toutes les directions.
    Tout ce qui t’advient de tristesse et de chagrin est le résultat de l’irrévérence et de l’insolence.

    Quiconque se conduit avec irrévérence dans le chemin de l’Ami est un brigand qui vole les hommes, il n’est pas un homme.
    Grâce à la discipline, ce ciel a été rempli de lumière, et grâce à elle, les anges sont devenus immaculés et saints.
    A cause de l’irrévérence, le soleil a été éclipsé, et l’insolence fit renvoyer loin du seuil Azâzîl (Iblis).

    La rencontre du roi et du médecin divin dont la venue lui avait été annoncée en songe

    Le roi ouvrit les bras, le serra contre sa poitrine, et le reçut, comme l’amour, dans son cœur et dans son âme ;
    Il lui baisa la main et le front et s’enquit de sa demeure et de son voyage, et lui posant maintes questions, le conduisit à la place d’honneur

    Enfin, lui dit-il, j’ai trouvé un trésor en me montrant patient.
    Il lui disait : « O don de Dieu et protection contre l’affliction, toi dont la signification est « la patience est la clé du bonheur !  »
    Ô toi dont le visage est la réponse à toute question, par toi les nœuds serrés sont dénoués sans difficulté.
    Tu interprètes tout ce qui est dans nos cœurs, tu prêtes une main secourable à celui dont le pied est enlisé dans la boue.
    Sois le bienvenu, ô élu, ô choisi ! Si tu disparais, le destin nous frappera et l’espace sera confiné.
    Tu es le protecteur des gens. Celui qui te désire ne va pas à sa perte. Non, en vérité, s’il ne cesse pas… »

    Comment le roi conduisit le médecin au chevet de la jeune fille malade, afin qu’il puisse l’examiner

    Lorsque cette réunion et ce festin eurent pris fin, il le saisit par la main et le conduisit au harem.
    Il lui raconta l’histoire de la malade et de sa maladie, et le fit asseoir au chevet de la jeune fille.
    Le médecin observa la couleur de son visage, lui prit le pouls et examina son urine, il entendit le récit des symptômes et des signes
    de sa maladie.
    Il déclara : « Aucun des remèdes qui ont été appliqués ne rend la santé ces faux médecins n’ont causé que ruine.
    Ils étaient ignorants de l’état intérieur. Je cherche refuge en Dieu contre ce qu’ils inventent.
    Il vit la souffrance, et le secret devint clair pour lui, mais il le dissimula et ne dit rien au roi. Sa douleur ne provenait pas de la bile noire ou jaune : l’odeur d’un feu de bois apparaît dans la fumée.

    Cette douleur amère lui fit comprendre qu’elle souffrait dans son cœur ; son corps était bien portant, mais son cœur était touché.
    Être amoureux se manifeste dans la peine du cœur : nul mal n’est comparable à la douleur du cœur.

    La souffrance de l’amoureux est différente de toutes les autres souffrances : l’amour est l’astrolabe des mystères de Dieu.
    Que l’amour vienne du côté de la terre ou qu’il vienne des cieux, à la fin il nous emmène là-bas.

    Quoi que je puisse dire pour parler de l’Amour et pour l’expliquer, quand j’arrive à l’Amour lui-même, j’ai honte de mon explication.
    Bien que le commentaire de la parole rende les choses claires, l’amour sans paroles a plus de clarté.
    Tandis que la plume se hâtait pour écrire, elle s’est brisée dès qu’elle est arrivée à l’Amour.
    En parlant de l’Amour, l’intellect gît impuissant, tel un âne couché dans la boue : c’est l’Amour seul qui a donné l’explication de l’amour et du sort des amoureux. La preuve du soleil est le soleil même : si tu recherches la preuve, n’en écarte pas ton visage !

    Si l’ombre en fournit un indice, le soleil lui-même donne à chaque instant la lumière spirituelle. L’ombre, comme une histoire contée pendant la nuit, t’apporte le sommeil ; quand le soleil se lève la lune se fend». Il n’est rien en ce monde d’aussi merveilleusement étrange que le soleil, mais le Soleil de l’esprit est éternel : il n’a point d’hier.
    Bien que le soleil physique soit unique, il est possible, cependant, d’en imaginer un qui lui ressemble.
    Le Soleil spirituel, qui est au-delà de l’éther, n’a point d’égal dans l’esprit ou extérieurement.
    Comment son Essence pourrait-elle être contenue dans l’imagination, de telle sorte qu’on puisse se la représenter ? Quand les nouvelles arrivèrent de la face de Shams-od-Din *, le soleil du quatrième ciel se cacha de honte. Puisque son nom est venu sur mes lèvres, il me convient de donner quelque idée de sa générosité.
    A ce moment, mon Ame a saisi le pan de ma robe : elle a perçu le parfum de la chemise de Joseph,
    Disant : « En souvenir de nos années d’amitié, raconte l’une de ces douces extases, Afin que la terre et le ciel puissent se mettre à rire, que l’intelligence, l’esprit et la vision soient centuplés. Je dis : « Ne m’impose pas de telles tâches, car je suis hors de moi-même (fana); mes perceptions sont émoussées et je ne sais comment célébrer des louanges. Tout ce qui est dit par celui qui n’est pas revenu à la conscience de soi, s’il se contraint, ou exagère en se vantant, n’est pas convenable.
    Comment pourrais-je, alors qu’aucune parcelle de mon être n’est lucide, décrire cet Ami qui n’a point son pareil ?
    La description de cette séparation et de ce coeur ensanglanté, renonces-y à présent jusqu’à une autre fois.
    Il dit : « Nourris-moi, car je suis affamé, et hâte-toi, car le Temps est un glaive tranchant.
    «Le soufi est le fils de l’instant, ô mon ami : ce n’est pas la règle de la Voie que de dire : « Demain »
    N’es-tu donc pas un soufi, en vérité ? Ce qui est dans ta main est réduit à néant si tu retardes le paiement.
    Je lui dis : « Mieux vaut que le secret de l’Ami soit dissimulé: prends-en connaissance grâce à cette histoire.
    Mieux vaut que le secret des amants soit conté par autrui. Il dit : « Déclare-le ouvertement, sans ambages et sincèrement : ne cherche pas d’échappatoire, ô impertinent !
    Lève le voile et parle nûment, car je ne porte pas de chemise quand je dors avec mon Adoré.
    Je dis : S’il t’apparaissait sans voiles, tu ne resterais pas, ni aucune partie de toi-même.
    Formule ton désir, mais avec mesure: un brin de paille ne peut supporter une montagne.
    Si le Soleil qui illumine le monde s’approchait d’un peu plus près, tout serait consumé.
    Ne recherche pas le trouble, le bouleversement, l’effusion de sang: ne dis plus rien du Soleil de Tabriz * !
    Ce mystère n’a pas de fin: parle du commencement. Raconte la conclusion de cette histoire.

    Comment ce saint demanda au roi de rester seul avec la jeune esclave afin de découvrir sa maladie

    I dit : « Ô roi, vide la maison ; renvoie les parents et les étrangers.
    Que personne n’écoute dans les corridors, afin que je puisse demander certaines choses à cette jeune esclave. » La maison fut laissée vide, personne n’y resta, sauf le médecin et la malade.
    Très doucement, il lui dit : « Quelle est ta ville natale? Car le traitement convenant aux gens de chaque cité diffère. Et dans cette ville, qui t’est apparenté ? Avec qui as-tu des liens famille ou d’amitié ? »
    Il mit la main sur son pouls et lui posa des questions, une à une, sur l’injustice du Ciel.
    Lorsqu’une épine s’enfonce dans le pied de quelqu’un, il place son pied sur son genou
    Et cherche la tête de l’épine avec la pointe d’une aiguille; s’il ne la trouve pas, il humecte l’endroit de sa lèvre.
    Une épine dans le pied est si difficile à trouver : comment est-ce donc pour l’épine dans le coeur ! Dis-le !
    Si chaque être vil avait vu l’épine dans le coeur, quand les chagrins pourraient-ils triompher de quiconque?
    Quelqu’un pique une épine sous la queue d’un âne; l’âne ne sait comment s’en défaire; il se met à sauter.
    Il saute, et l’épine s’enfonce davantage : il faut une personne intelligente pour extraire une épine.
    Afin de se débarrasser de l’épine, l’âne, d’irritation et de douleur, ruait et donnait des coups en cent endroits,
    Mais ce médecin, pour enlever les épines, était un expert; posant sa main sur un endroit, puis l’autre, il l’examinait.
    Il interrogea la jeune fille au sujet de ses amis, lui demandant son histoire.
    Et elle révéla au médecin maintes circonstances concernant son foyer natal, ses maîtres, ses concitoyens.
    Il écoutait son récit, tout en continuant à observer les battements de son pouls, De façon à se rendre compte, lorsque son pouls s’agiterait au nom de quelqu’un, que celui-ci était l’objet du désir de son âme en ce monde.
    Il énuméra les amis qu’elle avait dans sa ville natale; puis il mentionna le nom d’une autre ville.
    Il dit : Quand tu quittas ta propre ville, dans quelle cité as-tu surtout vécu ?
    Elle indiqua le nom d’une certaine ville, et continua à parler d’une autre, sans qu’aucune altération se produisît dans la couleur de son visage ou dans son pouls.
    Elle cita des maîtres et des villes, un à un, et parla de ses demeures, du pain et du sel.
    Elle raconta des histoires au sujet de maintes villes et maisons, mais pas une de ses veines ne frémit, et sa joue ne pâlit pas.
    Son pouls resta normal, inaltéré, jusqu’à ce qu’il l’interrogeât sur Samarkande, la ville douce comme le sucre.
    Alors son pouls bondit, et son visage pâlit et rougit, car elle avait été séparée d’un homme de Samarkande, un orfèvre.
    Quand le médecin découvrit le secret de la jeune malade, il discerna l’origine de son chagrin et de sa souffrance.
    Il dit : Quel est son quartier quand on traverse la ville ?» « Sar- i-Pul (la tête de pont) et la rue Gâtafar », répondit-elle.
    Il dit : Je sais quelle est ta maladie et je déploierai aussitôt les ressources de la magie pour te guérir.
    Sois heureuse et insouciante, ne crains rien, car je ferai pour toi ce que la pluie fait à la prairie.
    Je m’inquiéterai pour toi, ne sois pas inquiète : je suis plus tendre pour toi que ne peuvent l’être cent pères.
    Prends garde! Ne révèle ce secret à quiconque, quand bien même le roi t’interrogerait.
    Si ton cœur devient le tombeau de ton secret, ton désir sera réalisé plus vite.
    Le Prophète a dit que celui qui dissimule sa pensée la plus intime obtiendra bientôt l’objet de son désir. Quand les semences sont cachées dans la terre, leur secret profond devient la verdure du jardin. Si l’or et l’argent n’étaient pas cachés, comment croîtraient-ils dans la mine?
    Les promesses et les paroles consolantes du médecin libérèrent la malade de la peur.
    Il y a des promesses véridiques apaisantes pour le cœur ; il y a de fausses promesses, chargées d’inquiétude. La promesse des nobles est de la monnaie de bon aloi; la promesse de l’homme vil devient une angoisse pour l’âme.

    Comment le saint, ayant découvert la cause de la maladie, l’exposa au roi

    Il se leva alors et alla voir le roi; il lui fit connaître une partie de la chose.
    Le meilleur plan, dit-il, est que nous amenions l’homme ici afin de guérir cette maladie.
    Convoque cet orfèvre de ce pays lointain; attire-le avec de l’or et des robes d’honneur.

    Comment le roi envoya des messagers à Samarkande pour chercher l’orfevre

    Le roi dépêcha un ou deux messagers, hommes habiles, compétents et très justes. A Samarkande arrivèrent les deux messagers auprès de l’orfèvre jovial et étourdi,
    Disant: Ô beau maître, à la science parfaite, toi dont le talent est célèbre partout, Voici que tel roi t’a choisi pour ton habileté d’orfèvre, parce que tu y excelles;
    Reçois donc cette robe d’honneur, cet or et cet argent ; quand tu viendras chez le roi, tu seras un favori et un ami intime. L’homme vit l’abondance d’argent et les nombreux habits ; il fut séduit et quitta sa ville et ses enfants. L’homme se mit en route avec insouciance, ignorant que le roi en voulait à sa vie.
    Il enfourcha un cheval arabe et chevaucha gaiement : le prix de son sang, il le prenait pour une robe d’honneur. Ô insensé qui te réjouis cent fois d’entreprendre toi-même un voyage vers un but funeste ! Il imaginait la richesse, la puissance, l’autorité; Azraîl* dit : Va. Oui, tu les obtiendras !
    Lorsque l’étranger arriva de la route, le médecin l’amena en présence du roi.
    Ils le conduisirent courtoisement auprès du roi des rois, afin qu’il brûle comme un phalène dans cette chandelle de Tirâz.
    Le roi le regarda, lui témoigna beaucoup d’égards et lui confia la garde du trésor rempli d’or.

    Alors le médecin lui dit :  Ô puissant Sultan, donne la jeune fille à ce seigneur, Afin que la jeune fille trouve le bonheur dans l’union avec lui, et que l’eau de l’union éteigne le feu de sa passion.

    Le roi lui accorda cette beauté au visage de lune, et maria ces deux qui désiraient être ensemble. Durant six mois, ils satisfirent leur désir, jusqu’à ce que la jeune fille eût recouvré complètement la santé. Ensuite, on lui prépara une potion, de sorte que lorsqu’il l’eut bue, il commença à s’éloigner d’elle.

    Lorsque, à cause de la maladie, sa beauté disparut, l’âme de la jeune fille ne demeura pas dans la tristesse. Comme il était devenu laid, déplaisant et pâle, peu à peu il se refroidit dans son cœur. Ces amours qui sont pour une apparence extérieure ne sont pas l’amour : à la fin, elles sont une calamité.

    Que n’avait-il été entièrement une calamité, de telle sorte qu’un jugement cruel n’ait point été rendu contre lui ! Le sang coulait de ses yeux comme un ruisseau; son visage devint l’ennemi de sa vie.

    Le plumage du paon est son ennemi : combien de rois n’ont-ils pas péri à cause de sa splendeur !

    Il dit :  » Je suis le daim musqué : c’est pour ma glande que ce chasseur a versé mon sang innocent. »

    Oh ! Je suis ce renard dont les chasseurs surgissant de l’affût ont coupé la tête à cause de sa fourrure.

    Oh ! Je suis l’éléphant dont le sang a été versé par les coups du cornac à cause de son ivoire..

    Celui qui m’a tué pour ce qui est moins que moi-même, ne sait-il pas que mon sang ne restera pas sans vengeance?

    Aujourd’hui, cela m’arrive à moi, et demain cela arrivera pour lui: comment le sang de quelqu’un comme moi peut-il être versé en vain ?

    Bien que le mur projette une longue ombre, à la fin l’ombre se retourne contre lui.

    Ce monde est une montagne, et notre action est le cri : c’est à nous que revient l’écho de ces cris.

    Il dit, et en cet instant rendit l’esprit. La jeune fille fut guérie de la peine et de l’amour ;

    L’amour pour les morts ne dure pas, car celui qui est mort ne revient jamais auprès de nous;

    Mais l’amour du vivant est à chaque instant plus frais qu’un bouton de fleur dans l’esprit et la vue.

    Choisis l’amour de ce Vivant qui est éternel, qui te donne à boire de ce vin qui augmente la vie.

    Choisis l’amour de Celui dont l’amour a fait obtenir à tous les prophètes la puissance et la gloire.

    Ne dis pas: « Nous n’avons pas d’accès auprès de ce Roi ». Les relations avec ceux qui sont généreux ne sont pas difficiles.

    Expliquant comment le meurtre et l’empoisonnement de l’orfèvre avaient été exécutés sur l’incitation divine, non par désir sensuel ni pensée perverse

    Le meurtre de cet homme par la main du médecin ne fut pas dû à l’espoir ou à la crainte.

    Il ne le tua pas pour plaire au roi ; il ne le fit pas avant que n’arrivent l’ordre et l’inspiration de Dieu. Ainsi qu’il en va pour le garçon égorgé par Khadir*: le vulgaire ne comprend pas le mystère caché ici. Celui qui reçoit de Dieu l’inspiration et la réponse, tout ce qu’il commande est la justice même.

    Si celui qui confère la vie spirituelle tue, cela est permis; il est le lieutenant de Dieu et sa main est la main de Dieu. Comme Ismâ’il, pose ta tête devant lui ; gaiement et joyeusement, sacrifie ta vie devant son glaive,

    Afin que ton âme puisse rester à rire jusqu’à l’éternité, telle l’âme pure de Ahmad (Mohammad) avec l’Unique. Les amoureux vident la coupe de la joie au moment où les beautés les tuent de leur propre main. Le roi ne versa pas ce sang par luxure ; cesse de penser le mal et de discuter.

    Tu croyais qu’il avait commis un crime affreux, mais, dans l’état de pureté, comment la sublimation pourrait-elle laisser un alliage ? Le but de cette dure discipline et de ce rude traitement est que le feu puisse extraire les scories de l’argent.

    La mise à l’épreuve du bien et du mal est faite pour que l’or puisse bouillir et que l’écume monte à la surface.

    Si son action n’avait pas été inspirée par Dieu, il aurait été un chien qui déchire sa proie, non un roi.

    Il n’était entaché ni de luxure, ni de cupidité, ni de passion; ce qu’il fit était bien, mais un bien ayant l’apparence du mal. Si Khadir fit sombrer le bateau dans la mer, il y a dans cette action de Khadir cent rectitudes. L’imagination de Moïse , en dépit de son illumination et de son élévation spirituelles, était voilée à l’égard de cette compréhension. Ne vole pas sans ailes ! Cette action (du roi) est une rose rouge; ne l’appelle pas du sang. Il est enivré par la Raison ; ne l’appelle pas un fou. Si son désir avait été de verser le sang d’un musulman, je serais un impie si j’avais mentionné son nom (en le louant). Le plus haut ciel tremble à la louange du méchant, et cette louange incite l’homme pieux à penser le mal. C’était un roi, et un roi très prudent; il était un élu, et l’élu de Dieu.

    Celui qui est tué par un tel roi, ce dernier le conduit à la prospérité et à l’état le plus honorable.

    Si le roi n’avait pas considéré que c’était un avantage pour l’orfèvre que de lui témoigner de la violence, comment cette compassion absolue aurait-elle pu recourir à la violence ? L’enfant tremble devant la lancette du barbier ; mais la tendre mère est heureuse de cette souffrance de son enfant.

    Il prend la moitié d’une vie, et donne cent vies en échange ; il donne ce que ton imagination ne peut même concevoir. Tu juges (ses actions) par analogie avec toi-même ; mais tu t’es éloigné bien loin de la vérité.

    Réfléchis bien !

    * Khadir, Personnage mystérieux, considéré comme un prophète, auquel il est fait allusion dans la sourate 18 du Qor’ân (Kherzr en persan, Khadir en arabe).

    *L’ange de la mort
    * Shams-od-Din : Le nom du maître de Rúmi signifie littéralement « le Soleil de Tabriz ».

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